Cliquez sur l’image ci-dessous pour l’agrandir

L’ange de la pyramide

Le Musée du Louvre est l’un des plus célèbre musées dans le monde et, de fait, il est possible d’y découvrir quelques collections et œuvres d’art uniques. Sa pyramide, construite durant la présidence de François Mitterrand, est également célèbre.

Les gardiens du musée sont moins connus, tel celui qui apparaît sur cette photographie que j’ai eu l’occasion de prendre depuis l’intérieur de la pyramide.

Le garde surveille la foule d’en haut, il regarde la place carrée à la base de la pyramide, qui est l’entrée du musée. Le reflet de la lumière sur le plexiglas, mêlé à la lumière pénétrant la structure de la pyramide dans le fond, fait apparaître le garde comme s’il était… peut-être un ange, pas vraiment un garde. Je pense que l’on pourrait dire un « ange gardien ».

J’ai pris cette photographie sans voir cet ange au moment de presser le déclencheur. Je ne sais pas non plus avec certitude pourquoi j’ai décidé de fixer ce moment particulier. C’est comme si la décision n’était pas entièrement mienne, comme si je n’avais que répondu à un appel émanant de bien au-delà de ma personnalité.

Nous nous identifions souvent à notre personnalité, mais est-elle réellement nous? Le mot vient du latin persona et signifie masque. Si la personnalité est notre masque, alors qui sommes-nous? Logiquement, nous devrions être celui qui porte le masque et le découvrir, apprendre à le connaître et à s’identifier à lui est un but essentiel de tout philosophe.

« Connais-toi toi-même » était écrit sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes.

Réaliser cela implique que le masque devienne transparent et que le « véritable soi» commence à agir, à ressentir, à être en contrôle. C’est le moi intérieur, celui de derrière le masque qui est considéré par de nombreuses cultures et philosophes comme étant lié à l’Art, au Vrai, au Bon et au Juste… comme dirait Platon.

Cette part la plus profonde de nous-même ne répond pas aux opinions mais à l’intelligence. Il ne s’agit plus d’aimer ou de ne pas aimer quelque chose, mais de reconnaître le Beau lorsqu’on se trouve en sa présence.

C’est seulement en s’identifiant à ce moi caché que l’artiste devient capable de saisir l’essence du Beau et de le manifester par le biais d’une œuvre d’art, qu’il s’agisse de son ou de forme, de poème, de peinture, de sculpture, de danse, d’une symphonie, d’une photographie, ou d’autre chose.

Ce qui est importe vraiment n’est pas la technique utilisée pour manifester l’essence de l’art – ou archétype –, le rendre visible ou audible à tous. Le créateur est à ce moment particulier l’invisible et profond « moi » et non pas la personnalité, le masque porteur de nos opinions subjectives.

Il est aisé d’exprimer nos opinions, les gens peuvent les apprécier mais cela n’en fera pas des œuvres d’art. Et cependant nous possédons tous un moi intérieur, nous sommes tous des artistes en puissance… mais pour manifester ce potentiel il nous faut auparavant nous détacher de toute opinion personnelle.

Aucune opinion n’est universelle. L’Art l’est.